GINA LOLLOBRIGIDA (1927-2023)

GINA LOLLOBRIGIDA (1927-2023)

 

 

Décédée le 16 janvier 2023 à Rome à l’âge de 95 ans, Gina (née Luigia) Lollobrigida demeure dans la mémoire de tout cinéphile comme l’une des plus voluptueuses actrices du 20e siècle, capable de rayonner à Cinecitta comme à Hollywood grâce à sa pétulance et sa plastique de rêve.

 

 

 

Véritable fantasme vivant pour plusieurs générations de spectateurs, la comédienne née le 4 juillet 1927 dans un petit village de la banlieue romaine s’oriente rapidement vers une carrière artistique, montant sur les planches avant d’apparaitre dans un roman-photo et de terminer troisième au concours de Miss Italie, battue par deux autres futures stars du cinéma italien, les non moins sublimes Lucia Bose et Gianna Maria Canale. Faisant ses gammes sur grand écran en 1947 sous l’égide de Riccardo Freda (L’Aigle noir), Lattuada, Monicelli ou bien encore Pietro Germi (Traqués dans la ville), elle gagne ses galons de vedette internationale en donnant la réplique à Gérard Philippe dans le virevoltant Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque, tourne pour René Clair (Les Belles de nuit) puis aux côtés d’Humphrey Bogart et Peter Lorre dans Plus fort que le diable de John Huston, côtoyant Arletty dans Le Grand Jeu de Robert Siodmak et De Sica dans les deux classiques de Comencini Pain, Amour et Fantaisie et Pain, Amour et Jalousie. Hollywood lui fait alors les yeux doux, ce bel ange brun s’envolant en 1956 auprès de Burt Lancaster et Tony Curtis sous la coupole du Cirque d’Hiver dans Trapèze de Carol Reed avant de devenir dans la foulée la plus sensuelle de toutes les interprètes d’Esmeralda dans le flamboyant Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy, rendant Quasimodo interprété par Anthony Quinn éperdu d’amour pour elle.

 

King Vidor la dirige trois ans plus tard au faîte de sa beauté dans son fastueux Salomon et la Reine de Saba où elle séduit tout autant Yul Brynner, passant ensuite d’un drame de Jules Dassin (La Loi) à un film de guerre (La proie des vautours de John Sturges) ou à une comédie de Robert Mulligan (Le Rendez-vous de septembre) avec la même aisance. Vénus impériale pour Delannoy pour qui elle campe Pauline Bonaparte sœur préférée de Napoléon, partenaire de Sean Connery dans La Femme de paille de Basil Dearden, sa présence fait merveille dans toute une série de comédies populaires comme dans des films costumés dont Les Aventures extraordinaires de Cervantes de Vincent Sherman. Tournant moins à l’orée de la quarantaine, elle demeure encore fort séduisante et curieuse d’aborder tous les genres en vogue puisqu’elle figure en tête d’affiche en 1968 de La mort a pondu un œuf, un remarquable giallo de Giulio Questi avec Jean-Louis Trintignant en mari psychopathe passant mortellement ses nerfs sur des prostituées, sacrifiées sur l’autel de ses frustrations conjugales et professionnelles. Elle y dirige d’une main de fer une exploitation familiale fermière où le scénario la voue aux menaces conjointes de son veule époux et de sa jeune cousine orpheline qui lorgne aussi sur sa fortune, avant de commanditer les exactions d’un quatuor d’aventuriers emmené par Lee Van Cleef dans Les Quatre Mercenaires d’El Paso, western spaghetti d’Eugenio Martin avec également James Mason et Jess Hahn. Récompensée par toute une série de trophées artistiques dans son pays, elle se fait de plus en plus discrète dès les années 70, décennie marquée par son apparition sur le petit écran sous les beaux traits maternels de la chère fée protectrice de Pinocchio, auquel Luigi Comencini donne magiquement vie en 1972 dans un feuilleton en six épisodes qui rencontre un tel succès d’audience des deux côtés des Alpes qu’il sera remonté dans une version resserrée pour être exploité en salles en 1975. Délaissant le cinéma pour s’adonner à la photographie et la sculpture, ambassadrice de bonne volonté pour les Nations Unies, cette éternelle diva n’a assurément pas fini de nous éblouir chaque fois que nous la reverrons à l’écran.

 

Sébastien SOCIAS

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