THE MUNSTERS ***
U.S.A./Hongrie 2022. Réal.: Rob Zombie. (VOD)
Dans une Transylvanie gothique et colorée, une jeune vampire répondant au nom de Lily fait la rencontre d’Hermann Munster, une créature fabriquée de toute pièce dont elle tombe éperdument amoureuse – au grand dam de son père, qui voit en Hermann un être balourd, bruyant et sans avenir. Alors que le couple convole en justes noces, le frère de Lily, le loup-garou Lester, contracte une lourde dette auprès d’une famille de gitans sans scrupules.
Inspirée d’une célèbre sitcom fantastique des années 60 créée par Joe Connelly et Bob Mosher, The Munsters marque un virage à 180 degrés dans la carrière de Rob Zombie, véritable iconoclaste de l’horreur white trash ayant lourdement (et non sans un certain brio) imposé sa marque de fabrique toute personnelle sur le genre avec The Devil’s Rejects et sa version ultra violente de Halloween. En effet, cette comédie familiale, empreinte d’une influence cartoon assumée (n’étant pas sans rappeler La Famille Addams), renvoie davantage au film animé du réalisateur et musicien, The Haunted World of El Superbeasto – en bien moins vulgaire, s’entend. Préquelle et hommage appuyé à la série d’origine dont Zombie est un admirateur invétéré, ce film tout public est une mosaïque macabre et déjantée, un train-fantôme de fête foraine marqué par l’esprit du cinéma fantastique classique, ici gentiment détourné par l’insolence propre au réalisateur. Ainsi, Hermann Munster est le monstre de Frankenstein en personne, le comte Orlok de Nosferatu traite ses rats pestiférés comme d’adorables petits animaux de compagnie et le loup-garou est empêtré dans un malentendu mafieux. Si l’humour ne vole jamais très haut, les décors et la direction artistiques respirent l’authenticité malgré un budget que l’on devine extrêmement restreint. Si le surjeu est de rigueur au sein de la distribution, il perd à plusieurs reprises le spectateur non-averti n’ayant pas ou peu connaissance de l’univers de la sitcom, celle-ci reposant avant tout sur un humour volontairement absurde et des petites morales de voisinage dont le film de Zombie est malheureusement dépourvu. Le sel de The Munsters reposant avant tout sur des quiproquos en pagaille impliquant la famille de monstres face à la tranquillité de la paisible banlieue américaine et sa cohorte de préjugés, le choix de la préquelle, où seuls les monstres ont droit de cité, n’offre malheureusement que peu d’occasions d’être vraiment piquant dans son propos. Un fait d’autant plus regrettable que Rob Zombie maîtrise parfaitement l’art de passer la société au vitriol grâce à ses portraits de familles originales et à la marge (les fameux Firefly de La maison des 1000 morts, le clan Myers de ses Halloween.) Les Munsters demeurent néanmoins très attachants, solidement interprétés qu’ils sont par un trio de comédiens impliqués et somptueusement maquillés par Wayne Toth au sein d’un scénario malheureusement dépourvu de substance. Cette innocente bien qu’inaboutie petite comédie macabre se regarde sans trop de déplaisir, mais demeurera anecdotique au sein de la filmographie si particulière de son auteur.
Arnold PETIT