Cela se passe dans un lointain passé, alors que de nombreuses civilisations humanoïdes ont conquis l’espace galactique. Sur l’un de ces mondes, le commandant Mills doit partir pour deux ans en vol exploratoire, abandonnant sa fillette Nevine, malade, et qu’il espère retrouver guérie. Mais son vaisseau, heurté par un champ de météorites, se crashe en pleine forêt sur une planète non répertoriée. Mills, qui se croit au départ seul survivant, va vite rencontrer une gamine, Koa (d’où vient-elle ?) qui lui rappelle sa fille mais parle un langage inconnu. Tous deux vont tenter de gagner, au sommet d’un pic, la seconde moitié du vaisseau qui s’est brisé en deux et peut leur permettre de quitter la planète, où Mills soupçonne en v.f. «une forme de vie alien» (traduction de la v.o. : «une présence extraterrestre»), rien d’autre que des dinosaures. Pourquoi pas ? Si l’on passe sur le traditionnel rugissement des tuyères dans le vide, pourquoi nous assène-t-on au bout de quelques minutes de film le panneau «Nous sommes sur la Terre il y a 65 millions d’années», alors que le suspense quant à la véritable identité de la planète aurait pu être maintenu à la manière de La Planète des singes ? Le scénario dès lors se réduit à une cavalcade éperdue des deux naufragés filmés dans les forêts inquiétantes de l’Oregon où les deux personnages ne cessent de se casser la figure et de récolter plaies et bosses, les dinosaures qui devraient en être les vedettes ne faisant que de rares apparitions, à l’exception d’agiles raptors bien entendu déplumés, un plan sur des ptéranodons grotesques batifolant sur une plage et deux théropodes qui pourraient être des T-Rex hormis leurs membres antérieurs disproportionnés. Le summum est atteint alors que Mills, qui a fait une chute du haut de la montagne où Koa est sanglée dans l’épave de l’astronef prêt à décoller, se voit attaqué par le faux T-Rex. Surgit alors Koa qui le tue en lui crevant l’œil avec un os. Le plan suivant les voit à nouveau tous deux dans le vaisseau qui prend son vol alors que – l’aurait-on oublié ? – le météore éradicateur plonge sur la Terre accompagné d’une pluie de météorites plus petites. Là enfin, pour quelques minutes, les effets visuels sont à la hauteur, si ce n’est que le bolide s’écrase dans la forêt alors qu’on sait bien qu’il a chuté dans le golfe du Mexique. Question : pourquoi un tel bâclage qui tient en totalité à un scénario sans queue ni tête alors la réalisation, si l’on excepte un montage parfois haché menu, reste correcte ? Sans doute faudrait-il le demander au producteur Sam Raimi.
Jean-Pierre ANDREVON