CHRONIQUES DE CANNES 2023. Jour 2
In Flames de Zarrar Kahn
Après la mort du patriarche de la famille, une mère et sa fille, en âge de se marier, font face à des apparitions de plus en plus effrayantes. Présenté à la Quinzaine des cinéastes, In Flames, du jeune réalisateur pakistanais Zarrar Kahn, dépeint avec une élégante cruauté ce que signifie être une femme seule dans une société ultrapatriarcale. La mère, Fariha, qui est une veuve somme toute assez jeune, et la fille, Mariam, qui étudie et n’est “toujours pas” mariée à 25 ans, sont comme les deux face d’une même pièce, celle de la vie de femme sans “tuteur” masculin. Le dispositif déployée par Kahn, pour évoquer cette pression permanente d’un genre sur un autre, a quelque chose du It follows de David Robert Mitchell ; l’idée de l’omniprésence insatiable, maligne et culpabilisatrice. Vivants ou morts, les hommes leur refusent cette opportunité d’emancipation. Le film n’est d’ailleurs jamais aussi fort que lorsqu’il montre combien le moment fondateur de la domination d’un homme sur une femme est parfois celui de sa disparition. Les moments horrifiques en deviennent bouleversants (on pense parfois au cinéma de Mike Flanagan), et finissent d’imposer le film, et son cinéaste, comme des concurrents sérieux à la Caméra d’or 2023.
Jérémie ORO