(Thanksgiving) .USA. 2023. Réal.: Eli Roth.
SORTIE : 29 NOVEMBRE 2023
Tout commence un Black Friday, une dizaine de minutes avant que s’ouvrent les portes du Wright Mart, devant lequel s’agglutine une foule hystérique. «Quelle stupidité !» a le temps de souffler un vigile avant la ruée, qui laisse au tapis plusieurs morts, dont la femme du sheriff Newton, écrasée par un charriot qui lui roule dessus. Une entrée en matière percutante, les scènes de chaos s’inspirant à s’y méprendre de la réalité telle qu’on peut l’observer grâce aux caméras de surveillance des grandes surfaces, en France y compris. Nous sommes dans la ville de Plymouth (Massachussetts), célèbre pour l’arrivée des premiers colons anglais, les Pères Péllerins sur le navire du Mayflower, où nous nous retrouvons un an plus tard, lors de la fête traditionnelle de Thanksgiving, en attente du repas que vont donner Thomas Wright, patron du Wright Mart, et sa seconde femme Kathleen, que Jessica, fille de Thomas, qui se trouvait dans le super marché avec ses copains et ses copines le soir du drame, n’apprécie guère. A-t-on oublié ce qui s’est passé un an plus tôt ? On pourrait le croire si une femme de service, seule dans l’établissement, n’était brusquement attaquée puis décapitée par une silhouette portant un chapeau de quaker, un masque à l’effigie de John Carver, premier gouverneur de la ville de Plymouth, et vêtu d’un costume de pèlerin. Ce ne sera que la première victime d’une longue suite de meurtres, tous plus horribles les uns que les autres, où le sang gicle et les intestins se répandent, perpétrés avec les instruments les plus diverses, scie circulaire, four de cuisine, piques à épis de maïs, fourche, attendrisseur à viande, on en passe et des meilleurs. Avant d’être un film, « Thanksgiving » fut une fausse bande-annonce réalisée par Eli Roth dans le cadre du double-programme « Grindhouse » de Robert Rodriguez et Quentin Tarantino, composé de « Planète Terreur » et « Boulevard de la mort ». Mais Roth ne voulait pas en rester là, même s’il lui a fallu seize ans avant d’organiser les meurtres préexistants en scénario cohérent, où l’auteur de Cabin Fever s’en est donné à cœur joie, réussissant à maintenir un suspense constant tout en saupoudrant l’horreur d’un humour (noir) qui fait mouche. Et ceci en utilisant sans vergogne une thématique la plus classique qui soit depuis Halloween concernant le slasher : un groupe d’ados (très stéréotypés et sans grand caractère, y compris Nell Verlaque en tête de distribution, ce qui est le point faible du film) dont les membres sont trucidés les uns après les autres par un bras vengeur, dont on découvrira qu’il a ses raisons. Comme quoi on peut toujours faire les meilleurs plats avec de vieilles recettes.
Jean-Pierre ANDREVON