LE REMPLACANT

LE REMPLACANT

 

LE REMPLACANT

La peur du vide

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(Foe). 2023. USA/Australie/Royaume-Uni. 2023. Réal.: Garth Davis. Scén.: Garth Davis et Iain Reid d’après le roman de Iain Reid. Prod.: Garth Davis, Iain Canning, Kerry Kohansky-Roberts, Emile Sherman. Photo : Mátyás Erdély. Mus.: Agnes Obel, Park Jiha et Oliver Coates. Mont.: Peter Sciberras. 1h51. Avec : Saoirse Ronan, Paul Mescal, Aaron Pierre, William Freeman. (Amazon)

 

Dans un futur proche, où la Terre devient peu à peu inhabitable, Junior et Hen forme un jeune couple vivant reclus dans une ferme isolée. Un soir, ils reçoivent la visite de Terrance, un homme mystérieux qui apprend à Junior qu’il a été tiré au sort pour se rendre dans une station spatiale en orbite autour de la planète. Durant son absence, il sera remplacé par une copie parfaite de lui-même, une sorte d’intelligence artificielle plus vraie que nature…

Auteur de Lion et de Marie Madeleine, le réalisateur australien, Garth Davis change de registre et s’essaie, avec Le Remplaçant, à la SF intimiste. Et grand bien lui en a pris, son film s’imposant comme une œuvre étrange, envoûtante et empreinte de sensibilité. Ceux qui s’attendent à voir un métrage spectaculaire et truffé d’effets spéciaux peuvent ainsi passer leur chemin, le récit se déroulant presqu’entièrement à huis-clos, au sein de la demeure isolée des deux héros. Adoptant un rythme langoureux, le cinéaste développe la psychologie de ses personnages et en particulier celle de ses deux protagonistes principaux, qui avec le temps et la routine du quotidien, se sont éloignés l’un de l’autre. L’irruption, dans leur existence, de Terrance, va tout chambouler et les amener à se remettre en question. Grâce à une mise en scène fluide et brillante, Davis brouille les pistes et façonne une réalité incertaine, voir trompeuse, qui rend son récit fascinant. Car au-delà d’être une histoire d’anticipation, Le Remplaçant est avant tout une réflexion sur le temps qui passe et l’usure du couple, sur cette altérité qui caractérise une relation amoureuse. Pour parvenir à ses fins, l’auteur est aidé par un trio de comédiens épatants, à savoir Aaron Pierre, très inquiétant dans le rôle de Terrance, mais aussi et surtout Saoirse Ronan (Lady Bird) et Paul Mescal (que l’on retrouvera dans Gladiator 2), absolument remarquables dans les peaux de Hen et de Junior. Des qualités qui contribuent à la singularité de ce film, beau et touchant à la fois.

 

Erwan BARGAIN

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