WAS WIR FURCHTEN («Ce que nous craignons») ***

WAS WIR FURCHTEN («Ce que nous craignons») ***

MADE IN GERMANY
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WAS WIR FURCHTEN («Ce que nous craignons») ***
Le fantastique au service d’une bonne cause
 
« Was wir fürchten » signifie en français : « Ce que nous craignons ». Mais de quelles craintes le feuilleton de Daniel Rübesam parle-t-il donc ? D’une grosse araignée velue, d’un tueur en série, d’un enfant possédé ? Bien que des spectres fassent effectivement leur apparition dans l’histoire, les peurs dont il est question ici trouvent néanmoins leur origine dans un tout autre et surprenant domaine…
Lisa quitte Stuttgart pour la bourgade de Großstetten. Sa mère Franka a demandé sa mutation dans le modeste commissariat de cette petite ville et ainsi mis volontairement sa carrière de côté afin d’extirper Lisa de son lycée où elle subissait un douloureux harcèlement. Pour autant, la vie à la campagne ne va pas s’avérer aussi tranquille qu’espéré… En effet, un an plus tôt, le lycée de Großstetten a connu une terrible tuerie dans laquelle deux élèves ont perdu la vie, assassinées par un adolescent déséquilibré. Tandis que Franka découvre dans le cadre de son travail des incohérences dans les dépositions des uns et des autres, Lisa est le témoin d’apparitions effrayantes de plus en plus prégnantes. D’abord épouvantée, la jeune fille comprend que ces apparitions composent en réalité un message qu’elle va devoir décrypter…
Parallèlement aux tribulations de Lisa, la mini-série développe une autre histoire. Nous suivons ainsi Simon, un jeune adolescent qui a la malchance d’appartenir à un milieu refusant de le laisser aimer la personne qu’il souhaite, en particulier lorsque celle-ci appartient au même sexe que le sien.
Même si la bienveillance qu’a choisi de témoigner Was wir fürchtenauprès de la communauté homosexuelle est louable, on pourra néanmoins regretter que soient affichés des stéréotypes aussi convenus. Les gays masculins sont forcément dotés d’une sensibilité toute féminine. Pour incarner le patriarcat dans toute sa splendeur, rien de mieux qu’un pasteur. Plus encore, tous ces personnages pétris de clichés sont évidemment interprétés par des acteurs dont les profils correspondent en tous points à leur rôle… Sans surprise ni nuance, le spectateur aura vite fait de cerner les protagonistes.
Cette petite facilité, qui trahit les origines télévisuelles du feuilleton, ne doit cependant pas occulter les évidentes qualités du produit.
Was wir fürchten excelle effectivement dans le traitement de son sujet. La souffrance de Simon est décrite de manière juste et particulièrement touchante. Entouré d’adultes à l’esprit étroit, il croit cependant à leurs discours homophobes. À tel point qu’il accepte d’intégrer un centre qui pratique une thérapie de réorientation sexuelle. Ces organismes s’adressent aux personnes vivant mal leur homosexualité et proposent de les aider à devenir hétérosexuels. Cette partie peut surprendre le public français qui serait tenté de croire à un élément fanstasmé mais pas du tout. Ces traitements, interdits en France, sont autorisés et accessibles pour les majeurs en Allemagne au nom de la liberté d’expression.
Was wir fürchten met la lumière sur ces pratiques et, à travers son traitement, les condamne clairement. La démonstration s’avère habile et sérieuse, emportant le spectateur dans de nombreux questionnements neufs et intéressants.
Deux histoires parallèles, deux sujets. En réalité, l’aspect fantastique du feuilleton semble avoir été greffé sur l’intrigue dans le seul but d’attirer le chaland. Cela dit, il est probable qu’il soit plus facile d’attirer l’attention du public avec des fantômes vengeurs plutôt qu’avec un difficile sujet de société…
Il n’empêche que l’enquête policière passionnante devrait mettre tout le monde d’accord. Et quoi qu’on en dise, les apparitions fantomatiques, dignes des productions nippones, génèrent une ambiance continuellement perturbante. Le fort dépaysement assuré par un tournage expatrié dans les alentours de Prague renforce encore l’atmosphère inquiétante générale.
Au final, Was wir fürchen est un divertissement grand public solidement mené. Le mystère est bien entretenu tout au long des six épisodes d’une durée avoisinant les 60 minutes. La tension monte lentement jusqu’à un aboutissement en apothéose et apportant toutes les réponses désirées.
 
Allemagne – 2023. Série TV réalisée par Daniel Rübesam. Avec : Mina-Giselle Rüffer, Marie Leuenberger, Paul Ahrens, Alessandro Schuster, Jürg Plüss, Deniz Arora, Esmael Agostinho, Emma Mathilde Floßmann, Josefine Keller…
Diffusion : le 23 octobre 2023 en Allemagne (1 saison)
A visionner ici : gratuitement, avec des sous-titres allemands : https://www.zdf.de/serien/was-wir-fuerchten
la bande annonce :
https://youtu.be/nBEmFmvMCog?feature=shared
 
En attendant une éventuelle deuxième saison, la première est disponible dans la médiathèque de la chaîne allemande ZDF, gratuitement, avec des sous-titres allemands :
https://www.zdf.de/serien/was-wir-fuerchten
En outre, si vous êtes anglophone, vous pouvez découvrir, sur YouTube, le court-métrage When Demon Dies du réalisateur Daniel Rübesam :
https://www.youtube.com/watch?v=0WnnQE3mOQY
André pour www.thrillerallee.com le site du cinéma de genre allemand FacebookE-book Histoire du cinéma allemand

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