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Une vibrant cri d’amour à la série B
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Canada. 2023. Réal.: Tim Rutherford et Cody Kennedy. Scén.: Tim Rutherford et Joshua Roach. Prod.: Laurence Gendron et Greg Jeffs. Photo : Brandon Boucher et Benji Irwin. Mus : Brandon Boucher. Mont : Cody Kennedy. 1h19. Avec : Kevin Martin, Yaayaa Adams, Josh Lenner, Matthew Kennedy (Shadowz).
À la mort de son père, Nyla, une jeune femme, ramène des cassettes que son géniteur avait louées à un vidéoclub. Parmi elles se trouve une cassette maléfique qui va chambouler à jamais sa vie et celle de Kevin, le propriétaire de la boutique…
Premier film du duo de metteurs en scène formé par Tim Rutherford et Cody Kennedy, The Last Video Store est une série B qui parvient à faire oublier son modeste budget grâce à sa générosité, mais aussi à l’amour inconditionnel qu’elle voue au septième art. Le film nous replonge, en effet, avec délectation dans l’ère des vidéoclubs et du cinéma d’exploitation et, basé sur un scénario astucieux qui évoque immanquablement le concept de The Last Action Hero, ne manque pas de personnalité. À l’image de Kevin Martin, le propriétaire des lieux où se déroule l’action, et qui s’avère être le gérant d’un des derniers vidéoclubs d’Edmonton au Canada. Jouant ici, en quelque sorte, son propre rôle, Martin est un cinéphile aussi drôle qu’attachant dont la passion pour les bandes grindhouse et les productions les plus improbables fait plaisir à voir. Avec Nyla, la jeune femme lui ayant remis la mystérieuse cassette, ils vont ainsi vivre une aventure effrayante au cours de laquelle ils devront affronter un insecte géant en provenance d’une autre planète, un tueur en série masqué (l’une des meilleures parties du métrage, véritable ode aux slashers qui ne se prive pas d’égratigner, gentiment, au passage, certaines franchises du genre) et un héros musclé adepte des coups de savates et n’acceptant pas la critique. Mariant comédie, horreur, SF et suspense (cf. la séquence dans le conduit d’aération), The Last Video Store s’avère réjouissant car témoignant d’une énergie et d’une bonne humeur communicatives. Sans parler des nombreux clins d’œil et références qui émaillent le film et qui, d’Evil Dead à Vendredi 13 en passant par les productions Cannon interprétées par Michael Dudikoff, illustrent à merveille les intentions des deux auteurs. La réalisation, en outre, avec ses effets spéciaux semblant sortis d’un autre temps et ses éclairages colorés, est efficace et participe à la réussite incontestable de ce film épatant qui comblera d’aise de nombreux fantasticophiles nostalgiques d’une époque révolue. Voilà donc une œuvre délirante et psychédélique probablement destinée à devenir culte.
ERWAN BARGAIN