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Un drame fantastique troublant et envoûtant
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Afrique du Sud. 2023. Réal.: Jaco Bouwer. Scén.: Jaco Bouwer d’après une pièce de Reza de Wett. Prod. : Cobus van den Berg, Jorie van der Walt et Tim Theron. Photo : Jorie van der Walt. Mus. : Pierre-Henri Wicomb. Mont.: Leon Visser. 1h45. Avec : Michele Burgers, Jamie-Lee Money, Sven Ruygrok. (Shadowz).
En 1901, en Afrique du Sud, durant la guerre des Boers, deux femmes, ne voyageant que de nuit, trouvent refuge dans une bâtisse délabrée où elles soignent un général blessé. Un soir, un jeune adjudant vient prendre des nouvelles de son supérieur. Il va alors vivre un véritable cauchemar…
Deuxième long-métrage de Jaco Bouwer après le très réussi Gaia, Breathing In est une œuvre déroutante à plus d’un titre. Le film s’ouvre par un magnifique plan sur le désert sud-africain avant qu’un inquiétant personnage, dont le visage est dissimulé par une capuche, ne soit introduit et que le décor ne soit planté. Le récit se déroule ainsi dans un contexte historique méconnu, ce qui participe aussi à son attrait. Néanmoins, si l’horreur de la guerre est le cadre de l’histoire, elle n’est pas le thème principal et sert uniquement de toile de fond à cette production qui se concentre avant tout sur la folie semblant gagner les protagonistes. En moins de cinq minutes, le réalisateur parvient à façonner une atmosphère angoissante et pose une partie des enjeux dramatiques, en nous dévoilant l’étrange relation qui lie Anna, semblant être une sorcière, et Annie, une jeune femme qui est sous son emprise. Le film se déroule, de la sorte, en majorité à huis clos (il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre) et s’articule autour de quatre personnages. Un procédé qui permet évidemment de limiter le budget, mais qui renforce également la dimension étouffante de l’action qui se déroule sous nos yeux. Breathing In n’est certes pas dénué de longueurs, mais son ambiance est suffisamment envoûtante pour séduire les amateurs de drame horrifique. De plus, le réalisateur n’apporte pas de véritable réponse et laisse le spectateur dans le doute quant aux faits qui sont représentés à l’écran, ce qui ne fait qu’accentuer le trouble ressenti. Photographie soignée, mise en scène fluide et efficace et interprétation convaincante font, à l’arrivée, de cette production une œuvre tout à fait estimable qui mérite le détour.
ERWAN BARGAIN